Contribution – l’Europe de la défense

Je réponds à Politis sur l'Europe de la défense.

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Je réponds à Politis sur l’Europe de la défense.

© Montage : Maxime Sirvins

Que penser d’une défense européenne à l’heure de la montée du fascisme sur le continent et de la progression des pays gouvernés par l’extrême droite dans l’Union européenne ?

L’Europe se tient seule. Prise en étaux entre la menace russe et le fanatisme de Donald Trump. Dans sa guerre contre l’Ukraine, Vladimir Poutine a trouvé en Donald Trump un complice idéal. En à peine un mois à la tête des États-Unis, ce dernier a trahi l’Ukraine et abandonné l’Europe. Nous sommes donc à un moment de bifurcation décisif : l’éclatement ou la coopération ; la rivalité ou la solidarité ; le repli ou le dépassement. Et disons-le clairement, la capacité des États européens à garantir séparément leur sécurité est faible, tant en termes opérationnel, économique que stratégique. 

Dans ce chaos mondial, l’Europe doit s’affirmer comme une force politique, dotée d’une politique étrangère partagée et cohérente, parlant ainsi d’une seule voix au monde. Une force en capacité de garantir la sécurité de ses membres par une logique de garanties mutuelles et la construction d’une base industrielle de défense entièrement européenne, permettant l’indépendance vis-à-vis des États-Unis. Une force qui ne sera pleinement libre et autonome que grâce à une sortie des énergies fossiles rapide, ambitieuse et partagée. S’approvisionner en gaz ou en engrais russes ou en gaz de schiste américain présente un risque existentiel, surtout en cas de conflit mondial. Notre dépendance nous affaiblit. 

Enfin, la haine du progressisme, du féminisme, de l’anti-racisme et de l’humanisme est le ciment idéologique du pacte Trump-Poutine. Une haine qu’ils propagent : ingérence russe en Roumanie, soutien de Musk à l’extrême droite allemande et diffusion de fake news sur les réseaux sociaux. Ils s’immiscent dans la gouvernance européenne grâce à leur partenaire hongrois ou en France à l’aide du Rassemblement national. Il convient donc de ne pas être naïfs. Au niveau européen, il ne faut pas céder au blocage de Victor Orbán. 

Il faudra avancer avec une coalition de pays partageant les mêmes objectifs et constituant la colonne vertébrale et le moteur d’une défense européenne, en capacité de coopérer avec les pays alliés non alignés. En France, il conviendra de ne pas nous laisser piéger par la rhétorique de l’union nationale, nous contraignant à une austérité accrue, à la casse sociale, aux reculs environnementaux ou à la restriction de nos libertés et des droits des étrangers. Ce serait abandonner la bataille vitale contre l’extrême droite, qui rêve de faire de la France l’un des rouages de l’axe Poutine-Trump.

Cyrielle Chatelain